Ils représentent un peu moins d’1% des cas déclarés chaque année et pourtant : les hommes peuvent aussi être touchés, en leur chair, par la maladie.
L’un d’eux a accepté de témoigner.
« C’était en 2014, en plein mois d’août. Je me souviens très bien de l’annonce du chirurgien : ‘Monsieur, vous avez un cancer du sein grade 3 multifocal’ c’est à dire plusieurs tumeurs, deux dans mon cas », se remémore Eddy, 46 ans à l’époque du diagnostic.
« J’ai été très surpris ! Pour moi, ce cancer là était féminin. Pourtant, environ 240 hommes sont touchés chaque année », détaille l’homme aujourd’hui en rémission.
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1% des hommes touchés
À l’origine de ce cancer, rare chez la gente masculine, l’âge d’abord, avec des diagnostics majoritairement posés après 60 ans mais aussi et surtout une prédisposition génétique avérée « avec notamment une mutation du gène BRCA2, (un phénomène qui touche également les femmes et peut donner lieu à des mastectomies préventives, ndlr) dont la prévalence varie de 8 à 10 % », observe la Dre Barbara Pistilli, oncologue médical, membre du comité de pathologie mammaire au centre Gustave Roussy.
Si les données épidémiologiques sont actuellement peu nombreuses, une exposition passée à des radiations, dans le cadre du traitement d’un lymphome par exemple et, dans certains cas, un syndrome génétique (dit de Klinefelter, ndlr) qui se distingue par un taux d’androgènes bas et un taux d’œstrogènes élevé « font partie des facteurs de risques associés connus », détaille l’experte qui note par ailleurs que « 90% de ces cancers sont hormonodépendants », c’est à dire sensibles aux œstrogènes.
Une étude de 2015 publiée dans le Journal of Clinical Oncology a notamment montré un lien entre un taux anormalement élevé d’œstrogènes relevés chez des sujets masculins quinquagénaires et un risque accru de développer la maladie après 60 ans.
Des patients qui tardent à consulter
C’est à ce type de cancer, dans une de ses formes atypique, qu’a été confronté Eddy. « J’avais depuis deux-trois ans une sorte d’eczéma autour du mamelon. C’était souvent rouge et parfois, ça me démangeait terriblement. Comme je n’arrivais pas à m’en débarrasser, j’ai fini par aller voir un dermatologue qui a pratiqué une biopsie. Il s’est avéré que les lésions étaient liées à la maladie de Paget du mamelon, une forme de cancer du sein.
Comme beaucoup d’hommes observant une anomalie sur cette zone, Eddy a tardé a consulter, n’imaginant pas une seule seconde la gravité de son état. « La plupart des cancers du sein chez l’homme sont malheureusement découverts à un stade très avancé, parce qu’il y a une méconnaissance de la maladie mais aussi parfois des complexes, voire une certaine honte à constater un problème à cet endroit-là », confirme la Dre Pistilli qui précise que même si les traitements sont alors plus lourds, les pronostics de guérison sont équivalents à ceux des femmes.
« Quinze jours après le diagnostic, on m’a enlevé la totalité du sein et des ganglions sentinelles. Après ça j’ai suivi les traitements classiques : chimiothérapie, radiothérapie… En tout, 20 mois d’arrêt maladie », détaille Eddy qui confie s’être souvent senti « seul » à cette époque.
« Ça a été difficile de l’annoncer à ma famille, à ma mère surtout. Je ne voulais pas l’inquiéter, je ne lui ai pas tout dit tout de suite. À l’extérieur, on n’est pas toujours pris au sérieux. Les rares fois où j’abordais le sujet, c’était toujours plus ou moins la même réaction : ‘Tu as un cancer du sein, toi ? Mais c’est une maladie de femme !’ Heureusement, j’ai pu compter sur le soutien d’un collègue. J’ai aussi demandé à voir une psychologue à l’hôpital, ça m’a aidé. »
Le cancer du sein chez l'homme est rarement un sujet
Désormais sous hormonothérapie, Eddy, en pleine reconversion professionnelle, parle plus sereinement de ce cancer particulier. Sur le chemin de l’acceptation, il a ainsi pris part à deux projets artistiques, dont l’un de la photographe Camille Ropert, Reprendriez-vous bien un peu de thé ? sur la reconstruction physique mais aussi psychologique de ces anciens malades. « Ça m’a fait du bien de me montrer et de me voir tel que je suis maintenant. En 2017, pour Octobre Rose, j’ai aussi participé à un défilé de mode à l’EDHEC Roubaix. La presse locale était là, j’ai pu informer les gens. Je me suis rendu compte qu’il faut en parler, encore plus dans mon cas. »
Ne souhaitant pas pratiquer de reconstruction mammaire, Eddy envisage à moyen terme de se faire tatouer un dragon sur la cicatrice qui barre désormais son torse, « le symbole de ma victoire sur la maladie ».
« J’étais ravie en lisant votre demande d’interview », nous confie Barbara Pistilli. « Le cancer du sein chez l’homme est rarement un sujet. Il est évident, quand on compare le nombre de victimes qu’il fait chez les femmes, qu’il reste marginal (1 femme sur 8 sera confrontée à la maladie au cours de sa vie, contre 1 homme sur 1000, ndlr). Si j’avais un seul message à faire passer c’est : messieurs, s’il vous plaît, si vous constatez une anormalité autour de vos seins, un changement de forme, une douleur, une bosse : allez voir un médecin ! »
On espère que cet article vous a permis d’en savoir plus sur le cancer du sein chez l’homme ! N’hésitez pas à nous écrire en commentaire votre avis ou vos expériences ! On pense fort à vous !