Octobre Rose est l’occasion de rappeler l’importance de la pratique d’une activité physique régulière.
L’activité physique permet de prévenir le surpoids et l’obésité (facteurs de risque connus de certains cancers) ; elle module la production de certaines hormones et de facteurs de croissance, comme l’insuline, l’IGF-1, la leptine et l’adiponectine (sécrétées par les cellules graisseuses) qui favorisent la prolifération cellulaire ; elle stimule le système immunitaire, favorisant ainsi les défenses naturelles contre les cellules cancéreuses ; elle accélère le transit intestinal, réduisant l’exposition de la muqueuse digestive aux agents cancérigènes issus de notre alimentation. « Quand on pratique une activité sportive, on baisse la masse graisseuse et on évite de stocker du sucre dans le sang, or les cellules cancéreuses utilisent beaucoup de glucose pour se multiplier. Moins il y a de graisses dans le corps, plus on diminue le risque de cancer », explique Mouna Leborgne, kinésithérapeute à Vannes spécialisée en oncologie. La spécialiste tient toutefois à rappeler « qu’il n’y a pas de risque zéro : il y a des patientes qui sont sportives, qui mangent bio, qui ne fument pas, etc. et qui ont un cancer du sein… »
Limiter les récidives
Si l’activité physique a donc un rôle important dans l’apparition des cancers, elle diminue également le risque de récidive. « Beaucoup d’études ont montré que la pratique d’une activité physique régulière avait un impact sur la diminution des récidives, notamment sur les cancers digestifs et cancers du sein », indique Hugues Poggetti, interne en médecine du sport au CHU de Brest. Ce que confirme le Dr Josiane Brousse-Potocki, médecin directeur régional au centre de coordination du dépistage des cancers Bretagne : « Le sport est un des rares facteurs de protection prouvé : si on se met à exercer une activité physique régulière, cela limite des récidives ».
Améliorer la qualité de vie des personnes malades
La pratique d’une activité physique adaptée permet aussi d’améliorer la qualité de vie des malades (anxiété, dépression, sommeil, image du corps, sensation de fatigue). « Ça permet de rompre l’isolement car faire du sport donne le moral. On sort, on voit du monde. C’est important de bouger pour avoir de l’énergie », explique Mouna Leborgne.
« Après le diagnostic d’un cancer du sein, la pratique d’une activité physique régulière augmente la tolérance et la réponse à certains traitements », souligne le Dr Alisée Nemeu, chirurgienne au centre de lutte contre le cancer Eugène Marquis de Rennes et auteur d’une thèse sur le lien entre activité physique et cancer du sein. « C’est bien pour la rééducation, pour le psychique aussi, pour se rapproprier son corps, ça augmente l’estime de soi », résume le Dr Brousse-Potocki.Selon l’ARC (Fondation pour la recherche sur le cancer), la pratique d’une activité physique après diagnostic d’un cancer du sein diminuerait de 24 % le risque de récidive.
La Haute Autorité de santé a d’ailleurs reconnu en 2011 l’activité physique comme une option thérapeutique non médicamenteuse, justifiant ainsi son intégration dans le parcours de soins.
S’il est assez peu connu du grand public, le rôle du kinésithérapeute dans le parcours de la personne atteinte d’un cancer du sein est pourtant primordial. « Je conseille de prendre rendez-vous dès que la date d’opération est fixée pour une prise en charge précode post-opératoire pour éviter les complications », indique Mouna Leborgne, kinésithérapeute spécialisée en oncologie à Vannes et référente du réseau des Kiné du Sein Morbihan. Le kiné a alors deux rôles : « Réexpliquer, rassurer tout au long de la maladie » et « on est là aussi pour dire ‘vous pouvez bouger, lever le bras, etc. On commence à ouvrir une porte, car lorsque les patientes arrivent, c’est normal, elles sont dans une position de protection, elles se renferment, tout est tendu, et, dans ce cas, il y a encore plus de douleurs. On a également un œil sur le corps, ce qui permet de dépister d’éventuelles récidives ».